Propriétaires, cette start-up traque les faux dossiers de locataire

Propriétaires, cette start-up traque les faux dossiers de locataire A l'origine, EveryCheck proposait aux employeurs de démasquer les CV mensongers grâce à un process mêlant algorithmes et humain. Aujourd'hui, elle s'ouvre au marché de la location.

47% des Français avouent être prêts à falsifier leur dossier de location pour augmenter leurs chances d'obtenir un logement. Désormais, les aspirants locataires qui enjolivent leur situation professionnelle jusqu'à parfois produire de faux documents – fiches de paie, certificats employeur, pièces d'identité, etc. – n'ont qu'à bien se tenir : EveryCheck veille. Après avoir lancé son activité de vérification d'informations dans le domaine du recrutement, cette start-up créée en 2015 s'attaque désormais au marché de l'immobilier.

La chasse aux locataires tricheurs

"En Angleterre, faire vérifier les informations de son dossier avant de le remettre à un bailleur est très courant et ce sont même les candidats locataires qui paient pour cela", commente Yohan Zibi, co-fondateur d'EveryCheck. Si la France n'en est pas encore là, il n'empêche que le dirigeant nourrit de solides ambitions pour son concept. "Nous savions depuis le début que nous irions sur ce marché, assure-t-il. Mais il nous fallait tester notre concept et le peaufiner en nous exerçant sur un secteur moins compliqué que celui de l'immobilier." Raison pour laquelle pendant 2 ans, la jeune pousse s'est concentrée sur les fausses références et informations dans les CV, un service qu'elle propose à un grand nombre de recruteurs. Elle vient de lancer son deuxième site Internet : EveryCheck.immo.

"Les candidats se connectent à une plateforme, téléchargent des documents et répondent à un questionnaire"

"Comme lorsque nous vérifions les références d'un candidat à un emploi, nous avons élaboré tout un process de vérification pour les locataires alliant technologie et humain", détaille-t-il. Les futurs locataires reçoivent un lien unique les invitant à se connecter à une plateforme pour télécharger un certain nombre de documents et répondre à un questionnaire en ligne. La start-up commence alors à vérifier les documents de base tels que les pièces d'identité, les avis d'imposition, les fiches de paie, etc. L'investigation monte ensuite d'un cran lorsque les équipes d'EveryCheck contactent les anciens bailleurs afin de s'assurer du sérieux du postulant, mais aussi son employeur pour vérifier s'il est toujours en poste et si les informations transmises, notamment en termes de salaire, sont exactes. "Le futur locataire doit nous donner son accord pour que nous puissions procéder à toutes ces vérifications. S'il refuse, nous avertissons le propriétaire qui est libre ensuite de faire comme il l'entend", précise Yohan Zibi. En 48 heures, le propriétaire reçoit un rapport dans lequel sont condensées toutes les vérifications effectuées, accompagnées d'un code couleur : vert si toutes les informations sont en règle, orange s'il y a quelques à côté et rouge si des données clés sont mensongères.

"Code vert, le dossier est juste. Rouge, il comporte un ou plusieurs mensonges"

La Garantie Loyers Impayés, un trompe l'œil ?

De quoi rassurer les propriétaires dont l'une des principales craintes est de louer son bien à un locataire peu sérieux et qui ne paie pas. 43% avouent avoir eu des litiges avec leur locataire, selon l'enquête "Bailleurs 2015" réalisée par le site Pap.fr. Pour se prémunir, de nombreux propriétaires souscrivent à une Garantie Loyers Impayés (GLI), une assurance censée rembourser les loyers non versés ainsi que les dégradations et frais juridiques en cas de contentieux. "Mais la compagnie d'assurances, même s'il y en a une, ne vérifie rien automatiquement la solvabilité du locataire potentiel, commente Yohan Zibi. Le propriétaire qui loue son bien sans intermédiaire doit donc le faire lui-même." Autre limite à la GLI : si l'assurance porte sur des informations fausses, c'est le propriétaire qui en fait les frais. "Il faut savoir que dans 40% des cas, les demandes d'indemnisations sont rejetées", rappelle le patron d'EveryCheck.

Des particuliers aux professionnels de l'immobilier

EveryCheck.immo qui s'est d'abord adressée aux particuliers, ouvrira son service aux professionnels de l'immobilier dès janvier 2018. Si le contenu de la proposition commerciale formulée à ces derniers n'est pas encore définitif, les particuliers ont, eux, le choix entre deux solutions : une offre "one" à 59 euros et qui comprend la vérification d'un seul dossier et une offre "multi", à 149 euros, qui correspond à la vérification de tous les dossiers en illimité jusqu'à ce que l'un d'eux revienne en vert. "Nous proposons également une GLI négociée, avec une assurance à 2,75% à laquelle le propriétaire peut souscrire en plus s'il le souhaite", ajoute le co-fondateur. Prochaine étape : les assurances, foncières et banques qui possèdent un parc immobilier locatif et qui pourraient, elles aussi, vouloir sécuriser leurs investissements.